Les adolescents et les pensées suicidaire

Les adolescents et les pensées suicidaire

Adolescence et suicide : décrypter les facteurs de risque et agir 

Le suicide chez les adolescents est un sujet délicat mais crucial. D’un point de vue clinique, l’adolescence est une phase caractérisée par des transformations physiques et psychologiques profondes, marquée par une quête d'identité et des bouleversements émotionnels. Cette période de transition expose les jeunes à un risque important de troubles mentaux, tels que l'anxiété et la dépression, et, dans les cas extrêmes, au suicide.


Face à des pressions sociales, familiales et scolaires, certains adolescents peuvent se retrouver dépassés par leur détresse, les conduisant à envisager le suicide comme une solution. Ce geste présente une signification psychologique importante pour eux, étant perçu comme un moyen d'échapper à une situation vécue comme angoissante. Accablés par leur souffrance, ils considèrent souvent le passage à l'acte comme un soulagement.


Pour appréhender ce phénomène alarmant, il est crucial d'examiner les facteurs qui contribuent au développement de pensées suicidaires, ainsi que les interventions efficaces susceptibles de prévenir de tels comportements. 


Ces pensées émergent souvent d'une combinaison complexe de vulnérabilités psychologiques, d'expériences traumatiques et d'influences environnementales, notamment des dynamiques familiales dysfonctionnelles.

Les différents facteurs de risque associés aux pensées suicidaires chez les adolescents peuvent être :

  • Facteurs familiaux 

Dans les comportements suicidaires de l’adolescent, on observe des distorsions graves de la communication entre l’adolescent et son entourage familial. 

Le contexte familial est souvent un facteur déterminant dans la compréhension du suicide chez les adolescents. Des dynamiques familiales dysfonctionnelles, comme la négligence ou l'absence de soutien affectif, le manque de communication peuvent créer un environnement où les jeunes se sentent isolés et incompris. Les conflits constants entre les membres de la famille peuvent accentuer le stress émotionnel, rendant les adolescents plus susceptibles de développer des troubles de l'humeur ou des envies de passage à l’acte. 

Ce manque de communication au sein de la famille peut également empêcher les adolescents d'exprimer leurs émotions, ce qui peut manifester chez eux un sentiment d’insécurité intense et entrainer des conséquences durables sur la santé mentale de ces derniers. 

 

  • Facteurs somatiques  

Les facteurs somatiques jouent un rôle important dans la santé mentale des adolescents et peuvent avoir un impact significatif sur le risque de suicide. Voici quelques éléments clés à considérer :

  • Maladies chroniques et douleurs physiques

Les adolescents souffrant de maladies chroniques (comme le diabète, l’asthme ou des maladies auto-immunes) ou de douleurs physiques persistantes (migraines, douleurs articulaires, etc.) sont plus vulnérables au suicide. La douleur physique peut contribuer à la détresse émotionnelle, au sentiment de désespoir et à une baisse de la qualité de vie, qui sont tous des facteurs de risque pour les idées suicidaires.

  • Troubles du sommeil

Les troubles du sommeil, notamment l'insomnie ou l'hypersomnie, sont fortement liés à la dépression chez les adolescents. Le manque de sommeil peut aggraver les symptômes de dépression, d’anxiété et d’irritabilité, augmentant ainsi le risque de comportements suicidaires.

  • Changements hormonaux

L'adolescence est marquée par des changements hormonaux significatifs, notamment une augmentation des hormones sexuelles comme la testostérone et les œstrogènes. Ces changements peuvent influencer l'humeur et la vulnérabilité aux troubles de l’humeur, tels que la dépression, ce qui peut augmenter le risque de suicide.

  • Puberté précoce ou retardée

Les adolescents qui subissent une puberté précoce ou retardée peuvent se sentir isolés ou différents de leurs pairs, ce qui peut affecter leur estime de soi et leur bien-être mental. L'isolement social et la détresse liée à ces changements corporels peuvent contribuer à des pensées suicidaires.

  • Problèmes liés à l'image corporelle

Les préoccupations liées à l'image corporelle, surtout dans un contexte de puberté, peuvent être particulièrement prononcées chez les adolescents. Ceux qui souffrent de troubles de l’alimentation ou qui ont une perception négative de leur corps sont à un risque plus élevé de dépression et d’idées suicidaires.

  •  Troubles neurodéveloppementaux

Les adolescents souffrant de troubles neurodéveloppementaux tels que le TDAH (trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité) ou des troubles du spectre autistique peuvent également être à risque en raison de la difficulté à gérer les émotions et les relations sociales, ce qui peut entraîner une détresse accrue.

  • Facteurs somatiques et antécédents familiaux 

Les facteurs somatiques peuvent amplifier la souffrance psychologique et entraîner une perception de désespoir, de frustration ou d’isolement chez les adolescents. Associés à d’autres facteurs de risque tels que les antécédents familiaux de suicide, les troubles mentaux ou les expériences de traumatisme, ces facteurs somatiques augmentent la vulnérabilité au suicide.

La reconnaissance et la gestion de ces facteurs, via un suivi médical approprié et un soutien psychologique, sont cruciales pour prévenir les idées suicidaires et réduire le risque de passage à l'acte chez les adolescents.

 

  • Facteurs psychologiques 

Les facteurs psychologiques jouent un rôle crucial dans la santé mentale des adolescents, influençant leurs comportements et leurs émotions. Les troubles ou les maladies psychiatriques ont un impact significatif sur le développement émotionnel des adolescents. La dépression, l'anxiété et les troubles de l'humeur sont particulièrement fréquents à cette période de la vie. 

Ces pathologies peuvent créer des schémas de pensée négatifs et perturber l’image de soi et entrainer des tensions relationnelles avec les autres. 

Un dépistage tardif peut compromettre l'état de la santé mentale des adolescents, rendant essentielle une intervention rapide et un soutien psychologique adapté, étant donné que ces troubles augmentent le risque de comportements autodestructeurs et, dans les cas les plus graves, engendrent des pensées suicidaires. 


  • Prise en charge psychiatrique 

La prise en charge psychiatrique est fondamentale dans l'élaboration d'un plan thérapeutique axé sur l'utilisation de médicaments, visant à stabiliser l'état émotionnel des adolescents et à réduire le risque de comportements suicidaires. Ces traitements peuvent contribuer significativement au bien-être des jeunes. Cependant, leur utilisation nécessite une surveillance minutieuse par le médecin traitant, car des effets secondaires peuvent survenir, en particulier au début du traitement, période où le risque suicidaire peut être important. Un suivi attentif est donc essentiel pour ajuster le traitement si nécessaire et garantir un soutien efficace aux adolescents en détresse.


  • Prise en charge psychologique 

Créer un cadre thérapeutique favorable est essentiel pour amener l’adolescent à partager ses expériences personnelles. 

En complément des traitements médicamenteux, la prise en charge psychologique permet d'explorer les causes profondes du mal-être et de développer des stratégies de prévention durables contre le suicide. 

Des approches telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie systémique peuvent contribuer à créer un cadre solide autour de l'adolescent, renforçant ainsi son sentiment d'appartenance et de sécurité.


En conclusion, la prévention du suicide chez les adolescents nécessite une approche globale qui allie traitements médicaux et psychologiques dans un environnement sûr et empathique.

En favorisant l’expression des émotions et en impliquant les familles, nous pouvons offrir aux jeunes les outils nécessaires pour surmonter leurs difficultés et améliorer leur bien-être. 

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